... pour quelques âmes volées

Pour voix de femme et orchestre

(2004/2005, 12'30 ‘')

sur un texte original de Olivier Cohen

Commande de Radio France, pour l'Orchestre Philharmonique de Radio France

“ …pour quelques âmes volées ” est dédiée à Danièle Ors-Hagen et Urszula Mikos

Location conducteur, matériel et bande : C.R.E.A. édition
C.R.E.A._association (Création, Recherche, Expérimentation Artistiques)
16, Passage de la Main d'Or – 75011 Paris
crea-association@wanadoo.fr - www.crea-association.org

 

Enregistrement :

A écouter :

Version 1 avec orchestre

Extrait 1

Extrait 2


Version 2 voix et electroacoustique

 

Version 3 electroacoustique seule

Extrait 1

Extrait 2

Extrait 3

 

NOTES SUR LA COMPOSITION

L'écriture de “ … Pour quelques âmes volées ” est partie de deux axes de travail, orientés vers la voix soliste :

Le développement de l'œuvre oscille entre ces deux écritures et sentiments perceptifs.
Le texte d'Olivier Cohen, écrit pour cette composition, a permis le passage de la dimension prosodique et théâtrale au lied, par l'évolution de la densité et du style de son écriture.
Ainsi que l'incarnation du propos musical dans un sujet à la fois contemporain et universel : l'esclavage sous forme de commerce violent et forcé du corps féminin.
L'orchestre joue le rôle de l'“ aura ” de la voix, assurant une continuité physique et mentale au-delà des fractures violentes proposées par elle.
Pour l'enregistrement de cette création, l'Orchestre Philharmonique de Radio France est placé sous la direction de Kirril Karrabits, et de la soliste de la création, Danièle Ors Hagen.
Considérant l'enregistrement d'un œuvre comme une œuvre en soi, le compositeur a utilisé les techniques de studio permettant d'en renforcer l'aspect dramaturgique .

André Serre-Milan, 2005


… pour quelques âmes volées

1/ Leurs cris autour de moi – mouvements brusques, rôts victorieux,
Marches pesantes, rangs serrés ces formes d'hommes…
Tellement d'hommes

Leur souffle sur ma peau,
Elles, dix ou vingt, enfants les yeux renversés hier vendues
Visages brûlants, muscles tendus, prêtes à mordre – les frappent parfois les frappent une heure durant,
Maigres à faire peur, maigres à se casser
Tellement d'hommes,
Fiers de leurs jouets, marchandent en riant l'air qu'elles respirent.

Leurs pleurs autour de moi – juste là, l'endroit qu'on ne nomme pas,
Juste là, l'endroit où se déchirent âme et mémoire
Si peu de bruit pourtant, si peu… halètements, cœurs profanés – une à une, elles ressortent les yeux vidés, leurs membres ne cessent de trembler

Leurs cris autour de moi – que pourrais-je faire ?
On ne bouge pas d'ici, on ne peut pas
Que personne ne parle de honte…
On compte si peu, chair arrachée aux terres fanées

2/ Que pouvais-je faire ? – trop âgée maintenant, ici depuis longtemps
Rejoindre ces rangs de fantômes, connaître l'endroit qu'on ne nomme pas
Marcher, pleurer - tomber de fatigue là-bas à quelques pas ?
Les mains vides trop longtemps – où aller ?
Une pierre sur laquelle dormir, un mur pour s'appuyer – richesse inespérée

Leurs cris autour de moi - d'autres encore, d'autres, nouvelles chaque jour à présent
Tant d'appétits, de solitudes… marchés sans limite

Une miette de pain, une vieille conserve
Cherchent partout, regardent sous chaque pierre – ce qu'elles trouvent, le cachent sous leurs vêtements, le cachent dans leurs bouches fermées
Partageront entre elles, donneront à leurs enfants – je tournerais la tête, ne sentirais rien
Ni leurs odeurs rances, ni leurs haleines sourdes – l'urine qu'on ne retient plus, la bile qui brûle la bouche – jeunes chats affolés

3/ Si je pouvais - oublier ma faiblesse, si j'osais
Sculpter ce vieux corps, le couper au couteau,
Déchirer ces chairs
Retrouver leur bouche, leurs seins conquérants, leurs hanches fines,
Partir comme ces filles, mais frapper, mordre qui m'emmène, frapper, frapper, prendre voiture, argent, vêtements
Ne plus voir d'enfants aux regards ternis,
Oublier les rebelles aux bras tranchés, aux visages enfoncés,
Pauvres exemples pour terreurs déjà muettes

Leurs cris autour de moi – un peu d'eau à poser sur leurs lèvres
Un peu de fraîcheur sur leurs chairs tuméfiées
J'accomplis ma tâche, les corps de celles qui ne cèdent pas
Celles qu'on peut déchirer sans voler un soupir

Peser, laver, dire la prière appropriée
Séparer les confessions à un signe, une croix, un colifichet
En cas de doute, dire toutes les prières en accéléré, avec le respect nécessaire
Un peu plus parfois pour celle qu'on connaissait
Emballer les affaires, les envoyer à la famille, à un ami éploré
Avec un message un poème - personne ne m'en voudra, une attention qui fait tant

Pour les autres, celles qui restent
Récupérer les habits teintées de fuel et de sang, poisseuses,
Leur offrir velours et satin
Prendre ce qui reste - bien le droit - souvenirs inutiles, breloques dans des sacs, sur les bras, sur les gorges, mauvais goût, éclats disgracieux
Un peu d'argent à se faire, une bouchée de pain, une amitié en cédant ces trésors

Et si je trouve parfois quelques dents avec un bout de mâchoire - la marchandise s'abîme souvent
Une oreille ou un doigt exemples convaincants
J'ouvrirai le musée des femmes affligées, des nouvelles sorcières
Avec cartes postales, poèmes, enregistrements cris et chansons - On n'arrête jamais de chanter

4/ Grâce à moi, un jour, les gens pleureront, regarderont le pavé
Un vieil appareil, je ferais un catalogue, avant – après, pendant peut-être
Qui sait, un père, une mère retrouvera son enfant - larmes, cris, gratitude, récompenses
Ma vie sera connue, chienne de garde devenue sujet de conversation,
J'accorderais des interviews, demanderais des aides, des
Des chanteurs se réuniront, répéteront un air à foison
On s'arrachera mon histoire, on louera mon courage, on m'invitera ici et là,
Je recevrais des habits, des bijoux - on refera mes dents, mes seins, mes pieds
Quelqu'un prendra cette vie, fera un film, au pire une série,
Un type beau, beau comme ceux qu'ils envoient là-bas, bonne odeur de propre, pas de boue, pas de sang, me fera la cour
Tout ira si vite – si vite

5/ Trop de bruit ici, nouvelle arrivée, plus le temps de souffler - des filles basanées, plus braves, plus dures à briser,
Leurs corps vont se tordre, dignes de mon musée – pourquoi je n'arrête pas de rire ?
Faudrait simplement sortir, simplement demander pourquoi les camions qui suintent de cris, qui suintent de sang parviennent toujours à rouler…
Quelqu'un peut-être…
Faudrait seulement ne pas bénir l'âge, le poids qui rendent impropre
Faudrait seulement revoir les miens, oser leur parler
Oser dire j'ai frappé vos sœurs, j'ai tenu vos filles…
Et puis doucement enlever ces tatouages de sang …

 

EFFECTIF ORCHESTRAL

Cuivres : 2 2 2 1

1 timbales / 2 percussions / 1 piano-Célesta

cordes 12/12/10/8/6 (nombre de musiciens et non pupitres)

Détail des pupitres de percussions:

4 timbales de jeu ordinaire

percussion 1:

percussion 2:

NB: prévoir pour les percussions : archets et baguettes de caisse clair

 

DISPOSITION DES MUSICIENS

Description des groupes de prémixages et de leur panoramique


NOTES :

CONSERVER UN AXE CENTRAL DES GRAVES QUI S'IRISE VERS LES AIGUS DE PART ET D'AUTRE DE CET AXE.
LES DEUX EXCEPTIONS SONT LA VOIX ET LE PIANO, SON “ DOUBLE ”

 

Description des groupes de prémixages et de leur profondeur

NOTIONS DE PROFONDEUR : reprendre la disposition acoustique (cf conducteur) avec quelques variations (cf shéma ci-dessous).

RESULTATS DE LA SESSION D 'ENREGISTREMENT DU 1 er JUIN :


Olivier Cohen , auteur

Depuis 1995, il a créé une importante collection d'enregistrements pour enfants et adultes, associant grandes voix et compositions contemporaines.

Parmi ces enregistrements, l'Arbre et l'Oiseau, Don Quichotte, Le journal d'un brave Chien, Ulysse, Pinocchio, La Planète des Alphas, l'Homme à L'Orchestre, les contes de Perrault, les contes de Grimm ou ceux d'Andersen, l'Ombre de Bastien, le Voyage au Centre de la Terre , le Tour du Monde en 80 Jours, Robinson Crusoë, le Roman de Renart... Textes et adaptations interprétés par entre autres, Fanny Ardant, Michel Aumont, Didier Bourdon, Myriam Boyer, Claude Brasseur, Isabelle Carré, Jean Pierre Cassel, Marion Cotillard, François Cluzet, Jean-Claude Dreyfus, Catherine Frot, Anouk Grinberg, Irène Jacob, Denis Lavant, Philippe Noiret, Tom Novembre, Vincent Perez, Daniel Prévost, Robin Renucci, Claude Rich, Jean Rochefort, Jean Topart, Zabou, Roshdy Zem....

Ces enregistrements ont remporté de nombreux prix dont les quatre derniers coups de coeur de l'Académie Charles Cros ainsi que le dernier Grand Prix 2002, le premier remis depuis les années 80 dans cette catégorie.

 

Danièle Ors-Hagen, chanteuse, comédienne, metteur en scène.

MEMBRE DE L' ENSEMBLE TAM (1984-2001)

ENSEMBLE DE REFERENCE DE MAURICIO KAGEL

FONDATRICE et DIRECTRICE de ARETEM

Atelier de Recherche et d'Etude pour le Théâtre et la Musique

Organisme de Formation

A la fois Chanteuse, Comédienne, Metteur en Scène, Performer, Compositrice et Réalisatrice, DANIELE ORS-HAGEN, artiste franco-allemande, compte à ce jour plusieurs centaines de Représentations et Récitals en Europe en tant que Soliste et Membre de l'Ensemble TAM de 1984 à 2001 (Ensemble de référence de Mauricio Kagel, Krefeld/ Allemagne).

Elle participe dans ce contexte à de nombreux Festivals Internationaux et Tournées parmi lesquels :

Unter Anderem (Suisse), Sonorities (G.B.), Polychromie (France), Wien-Modern (Autriche), Berliner Festspiele, Musik-Triennale Köln, Ensemblia, Oh Ton (Allemagne), Intro (Pays-Bas)…

Sa volonté de Pluralité et de Composition dans chacune de ses interventions la conduit à développer des directions artistiques multiples : l'Improvisation (notamment avec le Percussionniste Stefan Hoelker) et l'Ecriture de pièces musicales jusqu'à présent essentiellement consacrées à la voix, ainsi que la Mise en Scène et la Réalisation de courts métrages qu'elle introduit dans ses Performances à caractère multimedia.

Spécialiste de la Voix , du Théâtre Musical Nouveau et de la Musique Concrète , elle assure depuis de nombreuses années l'Animation de stages portant sur le Théâtre Musical Nouveau, l'Improvisation à la voix, l'interprétation du Répertoire Contemporain, l'instrument de l'Acteur et l'Instrument du Chanteur.

En 2005 elle enregistre pour la radio l'œuvre d'ANDRE SERRE-MILAN : …Pour quelques âmes volées pour Voix, grand Orchestre , et en 2007 l'œuvre de Claudy Malherbe.

DANIELE ORS-HAGEN est Fondatrice et Directrice de ARETEM, Atelier de Recherche et d'Etude pour le Théâtre et la Musique , en 2004.